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Hommage de Jean-Guy Talamoni à Michel Rocard lors de la cérémonie de Monticellu

06 mars 2017

(De www.corse.fr)

Chère Madame Rocard, chère Sylvie, Monsieur le Président de la République, Monsieur le Président du Conseil exécutif, Mesdames, Messieurs,   Nous sommes réunis pour rendre hommage à un homme d’Etat, mais aussi à un ami de cette terre de Corse qu’il avait épousée en même temps que sa femme Sylvie, notre compatriote. En ce qui me concerne, si j’avais eu plusieurs fois, depuis des années, l’occasion d’échanger avec Michel Rocard, à Bastia et à Paris, c’est à la fin de sa vie que nous avons pu mieux nous connaître. J’avais invité l’ancien Premier ministre à une conférence internationale organisée en juin 2015 autour de la question corse et il avait accepté d’y participer. À cette occasion, nous lui avions demandé de nous aider à lever les blocages existant de l’autre côté de la mer. Dès son retour à Paris, il avait entrepris de nombreuses démarches dont il nous rendait compte régulièrement. Il y a quelques jours, dans la perspective de ce moment de recueillement, j’ai relu les lettres que nous avons échangées et je me suis rappelé les conversations que nous avons eues, à Ajaccio ou à l’Île Rousse. Je me suis souvenu de ses mots sur l’actualité internationale, sur l’Europe… S’agissant de la Corse, j’ai retrouvé dans ses correspondances une forte et inlassable volonté de nous aider, sans jamais oublier un instant les devoirs de sa charge qui se poursuivaient, comme pour tout vrai responsable politique, par-delà la cessation de ses fonctions officielles. Même s’il nous avait dit en plaisantant qu’il était « infiltré dans le camp d’en face », sa loyauté à l’égard de la France était naturelle et totale, puisqu’il en avait été le chef du gouvernement et qu’il en demeurait l’une des grandes voix. Mais cela ne l’empêchait pas de chercher à résoudre les contradictions d’intérêts politiques entre Paris et nous, ses amis corses. Michel Rocard avec bien compris que ce qui se jouait ici n’était pas une simple question de décentralisation administrative… En un mot comme en cent, Michel Rocard a aimé notre pays et celui-ci lui a bien rendu. Corse d’adoption, il l’était doublement, par son épouse et par l’amitié qu’il a témoignée à notre peuple. Pour nous, c’est un grand honneur de l’accueillir, une fois de plus, pour son dernier séjour. Addiu amicu.