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Séance publique des 25 et 26 juin 2015 : extraits de l’allocution d’ouverture du Président de l'Assemblée de Corse

25 juin 2015

(De www.corse.fr)

Il convient aujourd’hui, à mon sens et c’est autant l’ancien enseignant que l’élu d’expérience

 qui s’exprime, d’éviter d’échauffer les esprits pour laisser à l’Education nationale le soin de gérer un problème qui la concerne directement.

Dans cet esprit, je me limiterai à rappeler quelques notions fondamentales pour assurer la vie en société. Et je m’adresserai plus particulièrement aux parents d’élèves qui ont refusé que leur fils ou leur fille chante quelques mots d’arabe. Quel service rendent-ils à leur enfant  Celui-ci, ce jeune corse, ce futur citoyen, aura-t-il conscience de l’humiliation causée à ceux de ses camarades, lorsqu’ils ressentiront le fait que leur langue n’est pas digne d’être prononcée par d’autres, même lorsque c’est pour chanter des paroles de paix ? Tout au contraire, permettre à un futur citoyen d’appréhender le monde moderne, toujours plus complexe, c’est lui indiquer, par exemple, que l’arabe est aussi la langue des chrétiens d’orient. C’est l’encourager, aussi, à s’ouvrir à notre environnement méditerranéen, en lui rappelant que l’Andalousie ou la Sicile restent encore des références parce qu’elles sont parvenues, à une époque, à faire cohabiter harmonieusement juifs, musulmans et chrétiens, en se nourrissant de leurs apports mutuels. Aider également, cet enfant de Corse, à rester fidèle à ses racines et aux générations précédentes : ses aînés ont connu, eux aussi, la condition de l’immigré, subissant plus qu’à leur tour exploitation et vexations, et voulant malgré tout conserver, en eux-mêmes et avec leurs concitoyens, la nostalgie des origines ! Mes chers collègues, comme toujours dans ce genre de cas, il y a les faits et le contexte dans lequel ils se déroulent. Les faits ont une apparence anodine, un nombre réduit d’acteurs, et le poids inévitable, dans un microcosme, des crispations locales ou des malentendus. Aussi, gardons-nous bien de stigmatiser quiconque pour privilégier la pédagogie. En revanche, le contexte n’est pas anodin. Il est marqué par la montée du racisme, de la xénophobie et de l’exclusion qui contamine les Etats européens et que certains, à la faveur d’évènements dramatiques hélas bien réels, n’hésitent guère à attiser. Mes chers collègues, refusant de laisser des migrants se noyer dans l’indifférence, voire le cynisme, nos voisins en Italie du Sud ou en Grèce, font spontanément preuve d’une humanité qui les honore. ​J’ai la faiblesse de penser que le peuple corse en fait partie.